LECTURE : « SARKO M’A TUÉ »
Vingt sept personnalités ont été entendues par les journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. De leur ouvrage, sarko m’a tuer, presque tous les médias suivis par les stipendiés et les sbires du Président n’ont retenu que l’entretien avec la juge Prévost-Desprez. Si dans le classement mondial 2010 concernant la liberté de la presse la France n’occupait pas le 44ème rang, juste après la Papouasie Nouvelle Guinée, on serait en droit de s’étonner.
La publication des bonnes feuilles surtout pour un livre de ce type est une pratique détestable car non seulement elle relève de l’arbitraire mais surtout elle permet de ne pas traiter du fond. Après la lecture des 364 pages, les remugles et les opacités de l’affaire Bettencourt semblent très secondaires par rapport à ce que les auteurs ont recueilli. Ce livre est une tonalité, un musicien dirait qu’il a l’inquiétante noirceur du si bémol mineur. Ce livre est une odeur, celle âcre de la sueur qui dégouline lorsque le corps et l’esprit sont violentés. Que confient les interviewés ? Souvent leur peur, et pour certains les traitements brutaux qu’on leur a infligés, les intimidations et les menaces qu’ils ont subies, et pour tous les méthodes sordides qui ont été employées afin de les briser, de leur faire irréparablement mal, de les humilier mortellement. Au fil des chapitres, comme par un effet de surimpression, quelques infectes images se précisent… La haine forcenée, la rancune meurtrière, le cynisme, la brutalité, la vulgarité, l’acharnement démentiel d’un homme qui, secondé pas ses nervis et utilisant à son seul profit les services officiels et leurs officines veut tuer moralement et socialement ceux qu’il n’a pas réussi à séduire, à dompter ou à corrompre. Ceux aussi dont le travail, je pense au juge Van Ruymbeke, le met en danger, ceux qui lui ont simplement déplu, ceux qui ont égratigné son incommensurable orgueil, ceux enfin qui ont fragilisé l’effarante fable que lui et ses conseillers nous ont contée au fil des années. Si les commentateurs avaient eu un peu d’âme c’est de cela qu’ils nous auraient parlé, c’est à ce sujet qu’ils auraient écrit. Je prends la liberté de recommander le chapitre relatant une visite du fraîchement élu Maire de Neuilly, il avait alors vingt huit ans, dans les locaux professionnels de Jacques Dupuybaudy. Au cours de l’entretien, à sa manière grossière et méprisante, l’ambitieux personnage indiquait très vite ne pas être venu pour parler de l’entreprise mais exposait son plan de carrière jusqu’à la présidence et proposait les services de son cabinet d’avocats d’affaires, c'est-à-dire la facturation de prestations fictives, tout Nicolas Sarkozy était déjà là…
L’ecclésiaste.
Malheur au pays dont le roi est un enfant et dont les princes ont mangé dès le matin.
Consolations … CHOPIN
Sonate N°2 en si bémol mineur
Marche funèbre –lento & final-presto
Si vous ne souhaitez écouter que la panique du presto poussez le curseur en 6.35
Fantaisie & impromptu, quelques approches…
A.Braïlowsky http://youtu.be/UKPG1_74nnc
V. Igoshina http://youtu.be/qa0Z6g1XJkU
W.Horowitz http://youtu.be/x93pwAvUkAA
S. François http://youtu.be/_YeD_vhBRvA
G.Cziffra http://youtu.be/ow1c8esX3bQ
Et pour la presse http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html