FLORILÈGE DE GRÜNFELD – QUINZE

Publié le par ZEITNOT

 

début en   FLORILÈGE DE GRÜNFELD - UN

 

À Nantes ils louèrent un utilitaire puis achetèrent à la fnac micro-ordinateur et imprimante. Chez un spécialiste en équipement de bureau encore des emplettes : deux photocopieuses, les plus performantes qu’ils purent trouver, des kilos de papier, des recharges et d’autres fournitures. À la poste centrale mille euros d’affranchissement.

 

Elle se chargea d’organiser l’atelier dans le salon tandis qu’il préparait les documents en commentant son travail…

« Cinq parties : une sorte d’épitomé présentant l’essentiel, le pavé in extenso, une double table d’index référençant noms et organisations, trois couleurs de surlignage. Cela réalsé nous rédigerons la lettre d’introduction et la notice d’utilisation.  Vous allez devoir m’aider avant que nous ne lancions la production. »

Deux heures plus tard ils s’accordèrent les moirures orangées que le soleil déclinant étendait sur le parc, après avoir gavé la cheminée, feignant de parcourir un vieux livre richement relié… « Depuis ma septième année, je n’ai jamais joué une partie sans savoir le temps dont je disposais, et vous ? »

Elle sourit et fila s’affairer dans la cuisine dont elle revint avec un plateau chargé de sandwichs ; fidélité au Savennières. Elle s’était changée. Ras-du-cou en jersey beige et pantalon assorti exaltaient la fluidité de sa silhouette. Elle s’était coiffée. Tirée en queue-de-cheval, sa chevelure dégageait l’émouvant ovale de son visage, et la carnation berçait les sortilèges marins du regard.  

 

« Je ne pense pas que Brochant veuille nous faire tuer, mais d’autres… qu’il soit trahi, squeezé c’est possible. Manipulé ?  Lui ? Le croiriez-vous ? Il pense que votre insensibilité est égale à votre talent, que les deux sont indissociables et que si le jeu vous donne du sang, ses conséquences vous indiffèrent. Il vous considère comme un autiste social. Dans son esprit nous sommes assez semblables…. Même Brochant peut se tromper… Non ? ».

 

Rassasiés ils firent une autre promenade, sans échanger le moindre mot. Ils interrompirent leur labeur à dix-neuf heures et allumèrent la télévision. Le Président s’exprima. Outre le recours à l’article 16, un remaniement fut annoncé. Égotique, le texte était boursouflé. Des tics, des grimaces, des mines éberluées, des rengorgements, des rictus de voyou. Inféodée au dialogisme, la petite mécanique mimait un affrontement… et des torgnoles, et des coups bas... Depuis Napoléon, la France n’avait connu que des utopistes dégénérés, des imbéciles et des fainéants. Tour à tour solennel, croque-mitaine, va-t-en-guerre, extatique, ivre de ses forfanteries le diseur d’énormités ruisselait d’une jubilation maladive et cruelle. Après la grand-guignolesque harangue les thuriféraires défilèrent, rameutés pour la circonstance Etienne Mougeotte et Jean Pierre Elkabbach manièrent l’encensoir, le sirupeux et ambigu Jean Michel Apathie servit la messe.

À vingt-trois heures tout était prêt. Dans le Trafic ils chargèrent les enveloppes, des bagages et la Ténéré puis ils arrangèrent une jolie table et se donnèrent rendez-vous pour leur banquet… à minuit. 

 

Éblouissante ou sublime ? Les deux sans doute, mais magique convenait mieux… Longue la robe indigo, comme une ode à la vénusté. Tahitienne la perle en pendentif. L’espace d’un soupir il se demanda comment tant d’énergie et de courage vivaient sous tant de grâce.

 

Pendant qu’ils soupaient, prétendant appartenir à la police cinq hommes voyageant en monospace réveillaient des Nortais… avait-on vu une grosse moto dans les parages ?

 

À suivre éventuellement…

 

      

SCOTT JOPLIN RAGTIME…  

http://www.youtube.com/watch?v=bpku6ZDKPzY

http://www.youtube.com/watch?v=unGmMmD8kPQ

http://www.youtube.com/watch?v=7VVCDaS7u3g

http://www.youtube.com/watch?v=fPmruHc4S9Q

 

 

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Publié dans NOUVELLES

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