DU CÔTÉ DE CAYOLA - QUATRE

Publié le par ZEITNOT

DU CÔTÉ DE CAYOLA - UN
DU CÔTÉ DE CAYOLA - DEUX
DU CÔTÉ DE CAYOLA - TROIS




À droite, un industriel de la véranda. à gauche, un franchiseur prospérant dans la distribution de meubles exotiques. Les deux voisins lui tinrent le même discours : ils ne savaient rien, car, ne venant que durant les vacances, ils n'avaient aperçu au cours des étés que des locataires ; le buste avantageux et le ton pincé, gonflés de cette suffisance que gave l'argent empilé grâce au travail des autres, ils parlaient des touristes avec un mépris épicé de dégoût. Elle ne fut pas surprise qu'on la trouvât sympathique et qu'on l'encourageât à conserver son bien. Ce vestige du mur de l'atlantique ? Franchement, ce n'était une gêne que pour ces bétonneurs voulant construire une résidence. Et  ceux qui avaient bâti la villa, le blockhaus ne les en avaient pas empêchés ? évidemment revendre une demeure aussi originale, si on était pressé et que l'on voulait rester dans les prix du marché… Elle apprit tout de même ce que, de mauvaise grâce, le notaire avait promis de lui faire savoir sous peu : le nom de la société chargée de l'entretien du jardin, les deux propriétaires avaient recours à la même entreprise. Experte en ce jeu, dès qu'ils se montrèrent curieux, s'étirant au soleil, croisant haut les jambes elle sut inciter les épouses à écourter la conversation.

Chez les jardiniers, rien. Le travail avait toujours été fait sans personne dans la maison, et tous les six mois, en cas de réajustement, la différence était réglée par virement. À la poste, invoquant la discrétion du service public, on refusa de la renseigner.


La peur de s'endormir au volant, la perspective des portes closes, des culs-de-sac et des efforts usants qu'il faudrait faire, la litanie des questions, des explications, et puis là-bas, après la bibliothèque tout ce qui restait à visiter, à fouiller, tout ce qu'il faudrait essayer de comprendre… La première place qu'elle trouva fit l'affaire, elle se gara et s'assoupit.

Sympathique le policier, avec sa collègue ils avaient hésité, craint un malaise, alors c'est pour ça…

Dans le quartier piétonnier elle acheta peignoir et maillot de bain, sac et chaussures de plage, s'essouffla dans la rue de l'Enfer, rares sont les localités où il faut grimper pour aller à la plage. Heureusement que c'était marée basse ; sur le sable la foule était plus clairsemée que lors des pleines eaux. Lentement, elle se dirigea vers les vaguelettes, lentement elle franchit la zone presque chaude puis la bande tiède et ne rencontra la fraîcheur qu'à hauteur d'épaules.  

Nager lui fit du bien, son sillage dissolvait sa fatigue, la délestait des ressentiments et des doutes que la journée avait enfoncés dans ses muscles. Une autre phrase lui revint, nette, mot pour mot, et elle en connaissait l'auteur.  

… Quand le rivage est loin, quand le soleil traversant l’eau donne au sable une couleur de lin écru, quand… Engourdi, bercé on se maintient à la surface par des gestes infimes et que vient l’envie de ne plus bouger, de se faire avaler.

L'océan avait-il avalé l'autre ?


Elle retourna vers les commerces, acheta une jolie robe très légère puis de superbes escarpins, le tout très cher ; dans les deux boutiques, rieuse, elle fit un clin d'œil aux vendeuses en pouffant : c'est la rareté de la matière qui fait le prix des choses.


Sur le remblai c'était l'heure de la marabunta : on lichottait des glaces, on croquait des beignets, on bâfrait des sandwichs, on engloutissait des chiche-kebabs.  Malgré tout, l'envie de s'amuser la retint. Songeuse elle but un thé, toute vibrante de séduction elle attendit, pas longtemps. Quelques mots… Il avait des copains et des copines dans les parages le bellâtre, ça serait top de "manger" tous ensemble… Elle préférait un tête à tête…Il souriait tellement qu'elle se demandait s'il n'allait pas avaler son portable, une fois sa petite bande prévenue il ne restait plus qu'à choisir le lieu du souper, plus si affinités… Loulou, sur la côte sauvage…L'autre blêmit.  Même lui le savait, à cette noble table les crustacés savent se faire mériter. Elle y dîna seule.

Il ne restait plus qu'un peu d'or loin à l'horizon, la flore du jardin embaumait, le banc rendait la chaleur dont il s'était gorgé, ça dégoulinait sur le bois de la porte donnant accès au séjour, quelques gouttes carmin tachaient le sol.

À suivre, éventuellement.


VERDI

 

La Force du destin.

Ouverture.  http://www.youtube.com/watch?v=9JQvyg3kJ54

Pace, pace moi Dio. http://www.youtube.com/watch?v=WClMRAlRYk4

Son giunta, grazie o Dio http://www.youtube.com/watch?v=fOxo35WZinA

 

Publié dans NOUVELLES

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Commenter cet article
T
<br /> Il y tellement de culs habillés dans des sacs que certaines perspectives sont difformes!<br /> Vivement la suite!<br /> (l'âne en retard qui vient de se rendre compte qu'il devait changer l'heure parce que le temps passse...)<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Finalement, je suis contente... mon ordi m'avait lâchée, mais ça m'aura permis de lire les épisodes que j'avais manqués à la file, et ça, c'est super...<br /> Je suis tout-à-fait accro là, j'espère que la suite ne se fera pas trop attendre...<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Ouf ! j'ai craint un instant que ta douce n'ait cessé de t'approvisionner en Sidi Brahim ! Mis non la prose du jour est bien là. A demain...<br /> <br /> <br />
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