KRATOS
Madame Rama Yade jouit d'une considérable popularité nous dit-on, et toutes tendances confondues. À chaque occasion elle brame son inconditionnelle admiration pour Nico-Badinguet… Dis moi qui tu admires... Lors des élections régionales, c'est avec un culot absolu qu'elle récita sans sourciller les éléments de langage dictés par son idole… Souvent cassante avec ses interlocuteurs, volontiers moqueuse et méprisante, elle évoque irrésistiblement l'icône emblématique de la firme Pathé Marconi : la voix de son maître.
Mimétisme ? En difficulté, comme son Président elle a autant de motricité qu'une voiture à propulsion sur une plaque de verglas. Interrogée sur l'affaire Ribéry elle fit une démonstration éclatante de tartufferie et de saccades dilatoires : c'est une jeune fille…c'est une jeune fille très jeune… qui n'est pas bien âgée (sic).
Confrontée à l'hypothèse d'une victoire de la gauche en 2012, il serait hors de question pour la pugnace d'être une ministre d'ouverture… Madame Yade est sans concessions… Sauf, quand rappelée à l'ordre par l'élysée, elle se confond en palinodies et contorsions repentantes. On ne peut s'empêcher de voir une ressemblance entre ses vertigineuses courbettes et celles de Madame Dati aux temps heureux de sa magnificence. L'appliquée secrétaire d'état songe-t-elle parfois, que du Capitole à la sinistre roche ?
Jeudi, chez le très complaisant copain du Président, M.Denisot, lyrique, elle nous servit un vigoureux couplet sur la méritocratie qu'elle associe forcément à l'argent, au gros argent, comme son mentor aime à poétiser. Il serait intéressant de savoir comment à Sciences Po, la méritocratie dont il est question est abordée, analysée, définie. Les professeurs pérorant devant ces jeunes âmes inspirées par le désir de servir les autres, font-ils preuve d'un vertueux purisme ?
Le mérite, le débarrassent-ils des insupportables scories que sont l'appartenance à un milieu offrant aux siens des réseaux, des passe-droits, de puissants appuis ?
Le mérite, le dissocient-ils du patrimoine ?
Les as de la délocalisation cherchant des personnels à vil prix, les réalistes organisant la précarité, les brutes pillant les ressources naturelles, les pragmatiques rognant les acquis sociaux, spoliant les faibles, les spéculateurs assassins, tous ces obsédés du profit, sont-ce là des méritants ?
Ces beaux arts : flatterie, mensonge, combine, trahison, félonie… En expurgent-ils le mérite ?
Nombre de grands entrepreneurs fortunés, ou de commerçants aisés, ou de "petits" patrons bafouant le droit du travail, vouant aux gémonies la redistribution sociale, usant de toutes les ruses afin d'augmenter leur montagne de billets, sont-ils ces braves gens des parangons de mérite ?
À contrario, ceux qui n'appartiennent pas à la méritocratie telle que la conçoit madame Yade, ceux qui ne se goinfrent pas mais ont tout de même quelques mérites… Artisans honnêtes et talentueux, pompiers, personnels hospitaliers, personnels enseignants et tant d'autres acteurs, obscurs soit, mais acteurs indispensables dont bien plus que la quête d'argent et de pouvoir, le souci est de bien faire et de servir la société où ils vivent modestement, qu'en pense la très carriériste Madame Yade fille de diplomate ayant fort tôt bénéficié de filières assurant sa carrière et sa prospérité ? Que madame Yade soit si populaire est assez inquiétant, ne serait-ce pas la démonstration que, gavé par les émissions de télé réalité, le public n'apprécie plus que l'imposture, le cynisme, le toc et la médiocrité ?
À Madame Yade que les magiciens du storytelling nous ont présentée comme une sorte de Cendrillon…
ROSSINI LA CENERENTOLA
http://www.youtube.com/watch?v=Jv6m0M9e7ng
http://www.youtube.com/watch?v=qVZNx39xYiA
Et toujours…